Paris 15 Décembre /70
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 14 Ct.
Nous avons eu le plaisir, ce matin, d’avoir Monsieur Louis à déjeuner, il était en costume militaire que l’on ne quitte guère maintenant. Le Dimanche, seulement, nous reprenons nos habits civils. Outre les quatre après midi d’exercices par semaine, nous avons, les autres jours, des convocations ou des appels exceptionnels et nous devons toujours être prêts à marcher au premier battement de tambour.
Ces habitudes toutes guerrières ont passé dans nos mœurs, et les réfractaires à la loi de la levée en masse, qui tous les jours se découvrent, et sont incorporés dans la Garde-Nationale, n’y sont pas toujours accueillis avec beaucoup de sympathies, on blame leur insouciance et leur peu de patriotisme, et ce sont ceux la cependant qu’il y a trois mois, parcouraient les Boulevards en chantant: Mourir pour la patrie.
Voici un nouveau service journalier de Mongolfière qui s’organise, le 1er départ aura lieu le 20 Ct, des passagers seront pris à bord pour la somme de fs 3,000. Le fret des lettres sera de 0.50c par 10 grammes.
Rien de nouveau dans la situation, seulement l’ennemi se répand un peu partout dans le Nord et le Centre de la France, et entrave nécessairement nos armées de secours, mais nous ne désesperons pas de voir tant d’efforts couronnés de succès, il y a un Dieu juste.
Veuillez, Monsieur, présenter nos respects à Madame Grünberg et agréez, je vous prie, l’expression de mes sentiments dévoués.