Paris 2 Décembre /70
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 1er Décembre.
Les rapports officiels sur les opérations des 29, 30 9bre et 1er Ct sont satisfaisants. Nous sommes remplis d’admiration et de sympaties pour cette armée, formée depuis deux mois seulement, qui marche au feu, avec l’entrain et la bravoure de vieilles troupes. Toutes les positions, que l’on avait projeté d’occuper, ont été conservées malgré de nouvelles offensives de l’ennemi qui, par deux fois, a été obligé de se retirer. Le Gal Renaud a été atteint par un éclat d’obus qui a nécessité l’amputation d’une jambe, mais sa situation est aussi bonne que possible. Plusieurs officiers supérieurs sont tombés tués ou blessés, mais la puissance de notre artillerie a diminué de beaucoup nos pertes qui eussent été énormes, car les différents combats ont été longs et acharnés.
Mr Dolfus Agent de change, que vous devez connaître, et qui chef d’Escadron de la Garde-Nationale avait été chargé d’organiser, en Alsace, un corps de Francs-Tireurs, vient d’être nommé Chevalier de la Légion d’honneur. Prisonnier, il allait être fusillé, lorsqu’un engagement entre son escorte et le peloton chargé de l’exécution lui permit de s’évader. Il arriva à Tours, blessé, mais sans gravité, et le Gouvernement s’empressa de reconnaître sa bravoure en le décorant de la légion d’honneur, et le nommant à un grade d’officier supérieur dans l’armée.
Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations bien empressées.