Paris 8 Novembre 1870
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 7 Ct.
Les dernières espérances, sur le succès de l’armistice, s’évanouissent, la circulaire de Jules Favre aux agents diplomatiques, parue ce matin au Journal officiel, ne laisse plus aucun doute, les prétentions de Mr de Bismarck ne peuvent être admises. Il ne nous reste plus qu’à nous armer de courage, pour défendre notre honneur, notre foyer et l’indépendance de la patrie.
Consigné hier toute la journée, par suite des craintes de manifestations à l’Hôtel de Ville qui n’ont pas eu lieu, le 1er Bataillon dont je fais partie, n’a pas été appelé. On redoutait aussi que l’on se portât sur la prison où se trouvent quelques émeutiers de la journée du 31 8bre, nommés Maires ou Adjoints dans une très faible minorité d’Arrondissements ; Aucun fait n’est venu confirmer ces bruits. Aujourd’hui plus que jamais, l’union est nécessaire, et la répression ne doit plus se discuter, mais agir promptement et surtout sévèrement. Nous allons entrer dans une nouvelle phase du siège, mais quoiqu’il arrive, j’espère toujours pouvoir vous donner, chaque jour, signe de vie. Les Ballons montés partant assez régulièrement, mes lettres vous arriveront tôt ou tard, l’essentiel est que vous les receviez. Mais nous, quand recevrons-nous les vôtres?
Quelques bons soins ont rétabli ma femme alitée depuis 48 heures, j’ai craint un moment une maladie grâve, elle a été si malade pendant 12 heures, heureusement, elle va diner avec nous ce soir, nous avons du bœuf.
Recevez, Monsieur, l’expression de mes sentiments dévoués.