Paris 30 8bre /70
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 29 Ct.
C’est aujourd’hui, Dimanche, repos pour tout le monde. Nous venons cependant de voir passer, rue Royale, une batterie d’artillerie dans laquelle figurent 6 mitrailleuses ; Elles se dirigent sur le Bourget pour en éviter la reprise par l’ennemi.
Je sors de chez Monsieur Louis, comme moi, il est commandé pour son service aux remparts demain. Son poste étant au 5me secteur, et le mien au 6me, ce qui le place au 51me bastion et moi au 57me, nous nous sommes promis d’aller nous visiter l’un et l’autre dans le courant de la journée. Nous ne regrettons qu’une chose, c’est de ne pas trouver aux bastions 61 et 62 qui, chaque jour envoient des boulets et des obus dans la direction de Meudon et de Montretout, nos oreilles se seraient ainsi habituées à la canonnade. Nous aurons bien, en face de nous, le Mont-Valérien qui chôme peu, mais nous n’en verrons que la fumée et les coups en sont trop éloignés pour nous assourdir. Je lui ai demandé s’il vous envoyait la Gazatte des absents qui est un aperçu succinte des événements et faits de chaque jour, et qu’une idée ingénieuse nous permet d’adresser, deux fois par semaine, à nous parents et amis, sur sa réponse affirmative, je me trouve dispensé de le faire.
Après le rationnement du bœuf et du mouton, voici venir bientot le rationnement du cheval, mais avant le 15 novembre, Paris aura la facilité de se ravitailler.
Veuillez, Monsieur, présenter nos respects à Madame Grünberg, et agréez, je vous prie, mes salutations bien empressées.
Etant de garde, demain, aux remparts, ma femme me remplacera pour la lettre du jour, elle se fait un véritable plaisir de causer un peu avec Madame Grünberg.