Nouvelles de Paris

Une collection de lettres de 1870-1871 envoyées depuis Paris au cours du siège par les Prussiens, puis de la Commune.

Personnes impliquées dans les lettres Notes techniques liées à la transcription
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Samedi 24 7bre 1870

Bien chère Madame,

Mon mari me charge de le remplacer auprès de Monsieur Grünberg, il est de garde à la porte de la Muette pour toute la journée et la nuit et n’écrira que demain. Nous sommes bien impatients de vous lire, et les nouvelles n’arrivent pas ; quant aux nôtres, elles doivent subir de grands retards, et nos dépèches sont expédiées par un ballon qui les porte à 20 ou 30 lieues de Paris et là, elles sont reprises par des estafettes.

Le canon a retenti hier depuis trois heures du matin jusqu’à neuf heures, et l’ennemi (nous pouvons l’affirmer) a souffert mais Dieu veuille que tout finisse bien!…

Chatou et Rueil sont entourés par les Prussiens en ce moment, et on me dit qu’on se bat à St Denis.

Nous nous sommes permis, mon mari et moi quelques observations à Louise, relativement aux dépenses alimentaires pour les Mobiles ; la chéreté des vivres sera un puissant conseiller et Louise va plus à l’économie en ce moment ; les Mobiles sont du reste enchantés de la Maison, mais ne pourront nous défendre, s’il y avait lieu, car ils partent ces jours-ci.

Nous avons aussi supprimé le gaz des anti-chambres, tout a fait inutile en ce moment, aussi Louise, quoique très gentille pour moi, doit me bénir!

Mon mari est allé chez Mr Servant pour Latis, mais Mr S. était absent ; Latis sort au moins tous les deux jours, et c’est moi qui vais aller le promener aujourd’hui ; Gaston en profitera.

Veuillez, Madame me rappeler au bon souvenir de Monsieur Grünberg et croire à ma sincère affection.

Clara Guillier

J’embrasse tendrement les bébés. Mon mari a vu Monsieur Rau hier ; il allait très bien et venait de monter sa garde.

P.S. Pour vous donner, Madame, une idée du prix des vivres ; le beurre vaut 6 francs la livre ; la graisse 2 francs, mais Louise et moi, nous avons notre provision, des œufs 2f40 la douzaine etc etc aussi nous réduisons notre ordinaire.