18 7bre 1870
Chère Madame,
Nous attendions impatiemment de vos nouvelles et enfin une lettre vient d’arriver!
J’espère, si le service se continue, vous lire bientôt ! Nous revenons de Neuilly qui est triste et désert ! On s’est battu aux environs de Créteil hier et cette première affaire nous a été favorable, mais Dieu seul connaît le terme de nos douleurs ! Cependant j’espère et cette espérance fait notre force malgré l’heure du danger qui arrive ! J’espère non seulement dans la vaillance française mais dans la justice de Dieu qui n’éprouve pas toujours!..
Marie Royer, du théatre Français, est venue hier ; elle quittait, et j’ai eu la joie d’espérer qu’un passe-droit serait fait pour moi, et que je soignerais q.q blessés ; La Comédie Française est transformée en ambulance ; les Soeurs de la Charité circulent dans la Galerie des Artistes ; les Aumoniers encouragent ces dames, et c’est touchant à voir ! On donne tout espèce de dons ; j’ai envoyé de la literie quelques bouteilles de vieux vin restées à Neuilly, et si j’osais, j’aurais eu votre nom, car vous êtes bonne et généreuse demandé à mon mari quelques bouteilles de Bordeau?
Adieu, chère Madame, embrassez les enfants pour nous et croyez à mon attachement sincère et dévoué.
P.S. Louise ne veut pas être oubliée auprès de vous ; elle est très dévouée dans son service.