Par Vapeur Français
Paris 12 Août 1870
Monsieur A. Grünberg, Alexandrie
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 8 Ct, l’une par Vapeur Français, dont inclus la copie.
Mr L. Rau a reçu, ce matin, votre dépêche lui annonçant que la Maison Oppenheime aurait à lui compter la somme de fs 49,000. pour le Cte de Ss Ece Aly Pacha. Il s’est présenté chez Messrs Oppenheim & Cie qui n’avaient pas encore été avisés. Il se représentera demain.
J’ai passé écriture à la date du 11 Ct, d’une somme de fs 90,000. encaissée par Mr D. Kunst, pour votre compte, au crédit de Ss Ece Aly Pacha.
Je vous confirme une dépêche du 10 Ct que Mr Kunst m’a chargé de vous expédier, elle est conçue en ces termes et adressée à Ismalun :
Informez Grünberg 90,000 encaissés. Elisabeth et enfants bien portants revenus et installés à Paris par prudence.
C’est par un pur excès de précaution que Mr Kunst fait rentrer Madame Grünberg à Paris, ainsi que la lettre, incluse de Madame Grünberg vous le prouvera.
Depuis ma lettre du 8 Ct, il ne s’est rien passé de bien grave sur les bords du Rhin, mais on s’attend à tous moments à une grande bataille. Le Ministère est complètement changé, à part l’amiral Rigault de Genouilly qui seul a été conservé. Le Corps Legislatif a voté plusieurs lois d’appel d’hommes sous les armes pour la défense de la Patrie. Hier, il a adopté, par 251 contre 1, sur 252 votes le cours forcé des Billets de Banque. Il faut espérer que cette malheureuse mesure nécessitée par les circonstances, ne sera pas de longue durée. Dans la scéance de ce jour, doit être présenté un projet de loi pour la prorogation des trente jours des échéances des effets de commerce payables depuis le 11 Août jusqu’au 20 Septembre de manière à ce que les effets échus le 11 Août, ne soient payables que le 11 Septembre prochain, et ainsi de suite. C’est dumoins l’article 1er d’un projet de loi présenté, par Mr Le Ministre du Commerce dans la séance d’hier et pour lequel l’urgence a été déclarée. Quant à l’armement des Forts qui entourent Paris, et à la transformation de toutes les barières de la Capital en Ponts-Levis et Poternes, c’est excès de précaution qui ne servira à rien, car pour que les Prussiens viennent sous les murs de Paris, il faudrait qu’ils aient renversé un rempart de deux ou trois millions de poitrines humaines……..
Mr Kunst m’a remis aujourd’hui fs 15,000. pour l’échéance de demain, acceptations de 5 Tte s Arnold Grünberg.
Inclus une lettre de Madame Grünberg, la copie de celle-ci vous arrivera par vois de Brindisi.
Agréez, Monsieur, l’expression de mes sentiments dévoués.