Paris 19 Mars /71
Monsieur A. Grünberg, Bruxelles
La journée du 18 s’est terminée, mon cher Monsieur, toute à l’avantage de l’insurrection. A huit heures du soir, l’Etat major de la place Vendôme, l’hôtel de ville et la Préfecture de Police étaient occupés par divers bataillons de la Garde-Nationale de Montmartre et de Belleville dirigés sur ces divers points par le Comité central de Montmartre. Les éléments de résistance faisant défaut au Gouvernement tout cela s’est opéré sans effusion de sang, je veux parler ici de ce qui s’est passé au centre de Paris, car il n’en a pas été malheureusement de même à Montmartre et à Belleville. Les Généraux Lecomte et Clément Thomas ont été lâchement assassinés, Paris tout entier proteste contre cette infâme sauvagerie. Les concessions réclamées par le comité de Montmartre et auxquelles le Gouvernement ne serait plus éloigné d’adhérer, dit-on, car rien encore n’a paru à l’officiel, seraient les nominations suivantes:
- Le Colonel Langlois au commandement en chef de la Garde Nationale, Edmond Adam à la Préfecture de Police,
- Dorian à la Mairie de Paris,
- Le Gal Billaut au commandement de l’armée de Paris.
Paris est atteré et redoute les complications d’une pareille situation.
Par un omnibus ne circule aujourd’hui ce serait un élément de plus pour les barricades.
A demain d’autres détails, veuillez agréer, Monsieur, mes salutations bien empressées.
Dernière nouvelle :
En attendant les élections communales pour lesquelles le peuple de Paris va être convoqué dans les sections, l’hôtel de ville est occupé par le comité central de la Garde Nationale composé de dix neuf noms parfaitement inconnus et d’un vingtième individu qui se trouve en tête de la liste, nommé Assi. Assi est le promoteur des émeutes du Creusot, quelle garantie pour nous !