(94me Journée du Siège.)
Paris 21 Décembre /70
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 20 Ct.
Cette nuit, à 3 heures, j’étais sur pied, il s’agissait d’aller faire la
conduite aux Cies de guerre du 1er Bataillon, dont je
faits partie, et qui sont parties pour Bobigny dans les environs de Pantin.
À 6 hres j’embrassais mon beau-frère chargé par
Mr L’Intendant Gal d’organiser le service des ambulances.
Enfin à 7 heures, au petit jour, des éclairs sillonaient l’horizon, c’était le
canon de nos Forts qui tonnait et préparait l’action.
C’est sous l’empire d’une émotion bien vive que je vous trace ces lignes, un
sang généreux coule à flots en ce moment, la grande bataille de la Délivrance
commence.
Puisse le Dieu des armées protéger nos parents et amis des balles ennemies.
Comme nous bénirons tous ces héros qui vont mettre fin à nos misères et nous
faciliter la réception des nouvelles de ceux que nous aimons et
affectionnons !….
Le plan du Gal Trochu est splendide, le mouvement est appuyé de
800 pièces de canon sans compter les Forts, et j’espère bien vous annoncer de
grands succès dans ma prochaine lettre.
On parle aujou ce soir de l’occupation du Bourget qui avait
été déjà l’objet d’une attaque en Novembre, mais attendons la confirmation de
cette nouvelle.
Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations bien empressées.